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Autrice/illustratrice : Mirelle d’Allancé
Maison d'édition : L’École des Loisirs
Collection : Lutin poche
Nombre de pages : 33
Date de parution : Mai 2008 (2 e édition)
Au détour d’une promenade, un papa et son petit ours se retrouvent sur un pont qui surplombe une large étendue l’eau. « Dis, papa, qu’est-ce que tu ferais si je tombais à l’eau ? » demande alors l’ourson. « Je plongerais pour te repêcher » lui répond son papa. « Tout habillé ? » s’empresse de demander le petit. « Tout habillé, avec mes chaussures. » acquiesce le papa.
Les pages suivantes continuent la discussion entre le petit ourson inquiet qui pose toujours plus de questions, et son papa très imaginatif qui trouve toujours une parade pour lui répondre et le rassurer.
Tu peux compter sur ton papa est un livre qui ne laisse pas indifférent. Soit on l’aime, soit on le déteste !
Du côté de ses atouts, notons les illustrations douces et expressives, qui mêlent les coups de crayon avec une mise en couleur à la peinture à l’eau. Le texte qui les accompagne est (très) court et (très) simple. Le niveau de complexité des phrases et des mots correspond aux enfants âgés de moins de 4 ans. Au-delà, le texte devient rapidement trop simple, et par conséquent moins intéressant. On aurait aimé que les dialogues soient un peu plus élaborés, afin qu’ils enrichissent mieux l’histoire.
C’est le message véhiculé par le livre qui peut être plus problématique. Si on apprécie de lire une histoire qui s’intéresse à la relation d’un père avec son enfant, il faut toutefois bien avouer que celle-ci est décrite sous une forme assez caricaturale. Si petit ours peut compter sur son papa, c’est pour le sauver de la noyade, le chercher sans répit s’il disparait, ou assommer des monstres kidnappeurs d’enfants… Le papa est donc à nouveau représenté dans un rôle presque exclusivement lié à la force physique. L’amour se prouve par la force, comme l’indique la conclusion du livre qui veut que puisque le papa est vraiment très fort, rien ne pourra le séparer de son enfant.
L’autre faiblesse de ce livre, c’est qu’il ne s’adresse qu’à une partie des jeunes lecteurs.
Certains le trouveront amusant et peut-être même rassurant ! Ceux qui se posaient déjà les questions exprimées par le petit ours seront probablement apaisés en constatant que le papa de l’histoire parvient toujours à mettre son enfant hors de danger (et par prolongement, que leur propre papa pourrait bien en faire de même !). Les autres enfants qui apprécient ce livre sont ceux qui sont aptes à comprendre que toutes les questions posées par le petit ours sortent tout droit de son imagination, et que les réponses du papa sont elles aussi imaginaires. Capables de recul, ils s’amuseront du côté loufoque des situations rencontrées par les deux ours. Ils prendront plaisir à imaginer le papa ours qui se sert de sa chaussure pour bloquer la gueule d’un crocodile ou qui assomme un vilain monstre gluant avec un gros caillou. Ils apprécieront aussi les touches d’humour présentes dans les dessins, comme l’image où le papa cherche son enfant en regardant jusqu’au fond de la bouche des poissons.
Malheureusement, une partie du jeune public risque d’être refroidi par les thèmes plutôt sensibles et anxiogènes évoqués dans cet album. Et s'il y avait des crocodiles dans l'eau ? Et si l’ourson disparaissait et n’était jamais retrouvé ? Et si quelqu’un voulait le kidnapper ? Nul besoin d’expliquer en détail pourquoi les enfants plus sensibles risquent d’être effrayés. Or, si toute leur attention est retenue par les sujets de la noyade, de la disparition ou du kidnapping, il devient alors difficile pour eux de prendre la distance nécessaire pour trouver certaines scènes amusantes ou rassurantes.
On peut également redouter que la lecture de cet album fasse naitre certaines craintes (voire véritables peurs) qui n’étaient pas là auparavant. Un enfant qui viendrait de découvrir ce qu’est le kidnapping pourrait commencer à en avoir peur dès qu’il sort de chez lui, alors qu’il ne savait même pas ce que c’était avant.
