Ööfrreut la chouette
Seuil Jeunesse

NOTE GLOBALE

❤️❤️❤️❤️❤️

ÂGE CONSEILLÉ

6 - 9 ans

TAGS

#accident | #amitié | #animaux | #aventure | #bienveillance | #blessure | #courage | #forêt | #nature | #nuit | #oiseau | #rapaces

Autrice : Cécile Roumiguière

Illustratrice : Clémence Monnet

Maison d'édition : Seuil Jeunesse

Collection : /

Nombre de pages : 40

Date de parution : Septembre 2020


Chaque été, des humains reviennent habiter la maison qui borde la forêt où habite Ööfrreut la chouette. Si les deux adultes intéressent peu le volatile, ce n’est pas le cas de l’enfant qui semble vivre la nuit. Ses journées, la petite fille les passe à lire toutes sortes de livres sur la nature. Ses nuits, elle les passe à explorer la forêt qui entoure sa maison de vacances. Des humains comme elle, qui vivent la nuit et aiment tant passer leur temps en forêt, Ööfrreut n’en avait alors jamais rencontrés…


Seule après que ses derniers petits aient pris leur envol, la chouette s’est prise d’affection pour la petite humaine qui l’intrigue au plus haut point. La nuit, enfant et oiseau ont leurs habitudes : Ööfrreut connaît les endroits que l’enfant parcourra, les plantes dont elle humera l’odeur, les troncs qu’elle s’amusera à escalader. Elle sait aussi à quel moment elle viendra la retrouver dans son arbre.


Attentive aux bruits autour d’elle, l’enfant reconnait sans problème les sons émis par son amie chouette, qu’il s’agisse de son cri, des sons émis par ses plumes, des raclements de ses serres sur les branches ou de ses hurlements de défense. Au fil du temps, les deux créatures se sont apprivoisées, gardant malgré tout leurs distances. Ce qui leur plait, c’est de guetter les bruits qui annoncent l’apparition de l’une ou de l’autre, se sentir attendues et savourer le plaisir de se retrouver.


Un soir, alors qu’Ööfrreut guette les bruits qui lui indiqueront que sa protégée est dans les parages, elle perçoit d’autres types de signes : des pas précipités, de la sueur et le bruit d’un animal en panique. Partie en exploration, la petite fille a dérangé une famille de sangliers. Soucieuse de protéger ses petits, la laie fonce sur l’enfant qui s’enfuit à toutes jambes.


Rapidement, Ööfrreut comprend que la jeune fille est danger. Elle décide de foncer sur la laie et de s’agripper à sa peau afin de faire diversion. De son côté, la jeune fille continue sa fuite et trébuche sur un buisson de ronces. Sa jambe saigne, mais elle est à présent hors de danger. Par contre, elle est visiblement égarée. Heureusement, sa fidèle amie chouette la guidera depuis le ciel afin qu’elle retourne chez elle en toute sécurité.

Notre avis :

Ööfrreut la chouette est un livre qui raconte une histoire d’amitié entre une chouette et une enfant. L’histoire est abordée en adoptant le point de vue de l’animal, ce qui la rend particulièrement savoureuse ! Par exemple, lorsque la chouette évoque sa première rencontre avec l’enfant, elle explique que « (…) c’était il y a quatre couvées, deux tours de soleil, ou deux ans, comme disent les humains. » De même, lorsque la petite fille part pour la première fois se promener dans la forêt avec ses parents, la chouette pense qu’il s’agit d’une initiation à la chasse, puisque les animaux adultes apprennent à chasser à leurs jeunes. De même, elle s’étonne des drôles de coquilles rouges que met l’enfant sur ses pattes (qui ne sont rien d’autre que des bottes en caoutchouc) et s’étonne que celles-ci ne soient pas recouvertes de poils ni de plumes. Toutes ces méprises aussi mignonnes qu’intéressantes (on imagine facilement un animal sauvage se poser ces questions) apportent une réelle plus-value à l’histoire.


En plus de retranscrire le point de vue de la chouette, la narration se fait à la première personne du singulier, comme si l’oiseau racontait elle-même ce qu’il avait vécu. Ce procédé plonge encore mieux le lecteur dans l’histoire et surtout dans le récit de la course-poursuite au fond des bois.


Les illustrations apportent leur touche personnelle au récit. L’illustratrice jongle entre les tons clairs et foncés, les nuances pastel ou grises, les traits dessinés au crayon et ceux tellement fins qu’ils semblent dessinés à l’encre, les aplats de couleur à l’aquarelle et les éléments ajoutés par la technique du collage. On apprécie particulièrement la représentation de la lumière, que ce soit celle des ciels, le halo de la lampe-torche ou les rayons d’un clair de lune qui viennent trouer le noir de la nuit. On aime également les différentes façons de représenter la chouette, parfois sous la forme de simples traits, comme une esquisse lorsqu’il s’agit de la représenter en mouvement, en action ou dans le lointain, et parfois de façon plus détaillée, jusqu’à nous donner l’impression qu’elle nous observe à travers les pages du livre.


De manière générale, Ööfrreut la chouette est donc un album tout en douceur et en bienveillance, qui raconte l’histoire de deux mondes qui se rencontrent, s’apprivoisent et interagissent dans le respect et la complicité mutuelle. Une histoire d’amitié aussi, malgré des protagonistes d’espèces différentes, ainsi qu’une ode à la nature, à la forêt et au règne animal.