Mon père est un super-héros
La Martinière Jeunesse

NOTE GLOBALE

❤️❤️❤️

ÂGE CONSEILLÉ

6 - 8 ans

TAGS

#admiration | #amour | #famille | #médecin | #métier | #père | #super-héros

Auteur : Arnaud Cathrine

Illustrateur : Charles Berberian

Maison d'édition : La Martinière Jeunesse

Collection : Albums

Nombre de pages : 32

Date de parution : Octobre 2020

Mon père est un super-héros raconte toute l’admiration d’un petit garçon pour son papa. À travers cet album jeunesse, un enfant dont on ne connait pas le prénom essaie de nous convaincre que son papa est un super-héros, au contraire du nôtre, bien entendu ! Ben oui, notre papa est-il pompier ? Président de la République ? Si ce n’est pas le cas, alors il est juste super normal… Voilà une entrée en matière plutôt particulière ! Pourtant, l’enfant n’en démord pas et continue à nous expliquer pourquoi il estime que son père à lui est un super-héros. Et la raison est on ne peut plus simple : en tant que chirurgien, chaque jour, son papa sauve des vies.

Si le petit garçon admire son père, il mesure aussi le poids imposé par ses activités de médecin. En grandissant, il se questionne par rapport à ses propres envies. Quelle sera sa vocation ? Il ne veut pas être super-normal, c’est sûr, mais être super-héros lui semble tellement lourd… Que lui reste-t-il alors ? Réaliser ses rêves et devenir lui-même, c’est sans aucun doute le plus important !


Notre avis :

Mon père est un super-héros est un livre clivant.

On est touché par l’amour que porte le petit garçon à son papa. Le texte reflète l’admiration démesurée qu’il lui voue, caractéristique de cet âge où les parents sont idéalisés par leur progéniture. Toutefois lorsque le garçonnet clame haut et fort que son papa est un super-héros, au contraire des autres papas, un brin de malaise vient alors se mélanger à l’attendrissement.

Teintés de fierté et parfois d’exagération, les propos de l’enfant traduisent la réalité telle qu’il la perçoit et nous donnent l’occasion de mieux comprendre l’impact du métier de soignant sur les autres membres de sa famille. Car ce livre l’explique bien : être l’épouse ou l’enfant d’un médecin, c’est faire avec les humeurs moroses quand le stress et l’inquiétude reviennent du travail avec lui, accepter les départs en pleine nuit, apprendre à gérer la peur quand papa n’est pas là et connaitre un peu trop bien une dizaine de maladies inquiétantes …


Si l’admiration de l’enfant ne fait aucun doute et est plus que compréhensible, c’est la comparaison des métiers et leur classement dans une sorte d’échelle d’importance qui nous met mal à l’aise. Lorsque le jeune garçon interpelle directement les lecteurs en leur affirmant qu’en dehors de quelques professions héroïques, les autres sont somme toute assez banales, on ne peut s’empêcher de se demander comment les plus jeunes lecteurs interpréteront ce propos… Et lorsqu’il compare son papa au papa architecte de son copain Marceau en précisant que construire des maisons ne fait pas de lui un vrai super-héros, on regrette cette comparaison jugeante et peu légitime.


Au final, cette tentation de classer les métiers au sein d’une sorte de hiérarchie n’est saine pour personne. D’ailleurs, lorsqu’à la fin de l’histoire, le petit garçon explique qu’il aimerait devenir cuisinier ou créateur de jouets, il précise directement que cela ne fera pas de lui un super-héros mais bien un super-lui… À nouveau, on apprécie l’idée selon laquelle en suivant sa propre voie on peut devenir qui l’on souhaite être, mais en même temps, les lecteurs se trouvent une nouvelle fois confrontés à l’opposition d’une catégorie de métiers prestigieux face à d’autres, sympas mais nettement moins importants…


Bien sûr, les propos du jeune garçon ne doivent pas être pris au pied de la lettre. Ils ressemblent d’ailleurs aux arguments que les enfants s’échangent sous la forme de joutes verbales dans les cours de récré ; un mélange de frime devant les copains et de fierté non dissimulée. Mais même si cette histoire est une œuvre de fiction, elle véhicule des messages qui sèment des graines dans l’esprit des lecteurs. N’aurait-il pas été plus intéressant de valoriser la profession de soignant sans pour autant dégrader l’image des autres ? La comparaison était-elle nécessaire, sachant que notre société nous encourage déjà tellement à nous mesurer les uns aux autres ?


On pourrait également regretter le cliché du papa qui travaille tandis que la maman exerce un métier inintéressant (puisque nullement mentionné) voire inexistant, mais on préfère se dire qu’un prochain livre s’intéressera à cette grande absente que l’on aperçoit comme une ombre derrière son mari. 


Terminons avec quelques mots à propos des illustrations qui constituent un atout majeur pour cet album jeunesse. Très expressives, on perçoit directement l’influence du milieu de la bande dessinée dans lequel a travaillé Charles Berberian. On y retrouve un mélange de traits fins pour esquisser les contours des personnages et de traits plus grossiers destinés aux bâtiments et aux décors (un peu comme s’ils étaient tracés au fusain ou aux crayons de couleur). La mise en couleurs est variée : sur certaines pages, on observe des aplats de couleurs qui se fondent les unes dans les autres comme de l’aquarelle, tandis que sur d’autres pages on a l’impression de regarder des étendues plus uniformes ou des éléments colorés au pastel-craie. L’ensemble alterne entre les tons doux et vifs, formant des illustrations expressives qui se marient parfaitement au texte. Notre principal coup de cœur est pour la couverture rigide, recouverte d’une fine pellicule qui la rend légèrement douce et dont l’illustration en rouge vif fait parfaitement ressortir le duo père-fils qui apparait entouré d’un halo blanc.