Même les princesses pètent
GLÉNAT JEUNESSE

NOTE GLOBALE

❤️❤️❤️❤️💔

ÂGE CONSEILLÉ

3 - 6 ans

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#bêtise | #cendrillon | #Cherche&Trouve | #conte | #fantastique | #féminisme | #humour | #imagination | #préjugés | #prout | #réécriture | #sirène | #stéréotypes

Auteur : Ilan Brenman

Illustratrice : Magali Le Huche

Maison d’édition : Glénat Jeunesse

Collection : Albums

Nombre de pages : 32

Date de parution : Avril 2015

En rentrant de l’école ce jour-là, une question taraude Laura : les princesses pètent-elles ? Il faut dire que le sujet a fait l’objet d’une dispute. La jeune fille interroge par conséquent son papa. Comprenant le sérieux de la situation, celui-ci l’invite dans son bureau, ferme la porte à clé et sort un vieux livre intitulé : Le livre secret des princesses. C’est dans le chapitre « Problèmes gastro-intestinaux et flatulences des plus charmantes princesses du monde » qu’ils trouveront la réponse.

La réponse est sans équivoque : évidemment que les princesses pètent de temps en temps ! Cendrillon en est le parfait exemple. Stressée par le bal, elle s’était cachée pour manger des tablettes de chocolat. Et si la rencontre avec le prince fut plutôt concluante, celui-ci lui serrait tellement la taille que ce qui devait arriver arriva… elle finit par lâcher un énorme prout au moment où l’horloge sonnait minuit. Bien que le prince n’ait rien entendu, elle eut tellement honte qu’elle s’enfuît et en perdit sa chaussure. Et il en va de même pour la majorité des célèbres princesses… Blanche-Neige et la Petite Sirène laissaient elles aussi s’échapper de terribles flatulences.

Face à la stupéfaction de sa fille, le papa de Laura la rassure : avec ou sans pets, les princesses restent merveilleuses.

Notre avis :

Même les princesses pètent est un livre léger et pétillant, qui amusera autant les enfants que les adultes qui leur en font la lecture.

Les lecteurs apprécient beaucoup l’histoire qui revisite les classiques de la littérature sous un angle novateur et absolument humoristique. Qui aurait cru que la perte de connaissance de Blanche-Neige était en réalité attribuée à un problème de pets nauséabonds ? Si cette nouvelle interprétation des contes traditionnels amuse les plus jeunes, elle laisse les plus âgés admiratifs face à l’imagination débordante de l’auteur qui avance des arguments qui sont certes farfelus, mais qui restent néanmoins tout à fait cohérents.

Principalement composé de dialogues entre la petite fille et son papa, le texte est composé d’un vocabulaire simple mais précis, accessible aux jeunes lecteurs. On y relève la présence de jeux de mots qui feront sourire les adultes et devront peut-être être expliqués aux plus jeunes (ne pas éventer le secret, ne pas le révéler aux quatre vents). Le champ lexical des gaz intestinaux y est décliné sous toutes ses formes, ce qui accentue le plaisir des enfants qui découvrent l’histoire.

Enfin, toujours pour rajouter plus de fun à ce moment de lecture, l’illustratrice a dissimulé un nain péteur au cœur des illustrations. Chaque page devient l’occasion de partir à la recherche de ce personnage malicieux qui semble lui aussi avoir des problèmes pour retenir ses prouts.

Les illustrations de Magali Le Huche sont colorées et remplies de détails qui rendent les scènes vivantes. Les personnages sont expressifs. Les décors renferment plusieurs clins d’œil à notre monde, lui aussi revisité par l’imagination débordante de l’artiste. On remarquera, par exemple, que les ordinateurs n’affichent pas la célèbre marque à la pomme, mais bien un insigne en forme de chaussure de bal…

Terminons en mentionnant l’importance du message véhiculé par ce livre. Parce que si l’humour y est prépondérant et qu’il s’agit évidemment d’un bouquin comique, ce livre permet aussi de déconstruire l’image trop lisse des princesses. En effet, qu’y a-t-il de plus lourd et anxiogène que d’avoir l’impression de devoir atteindre cette perfection si souvent affichée par les princesses des livres pour enfants et des dessins animés ? Avec cet album jeunesse, Ilan Brenman et Magali Le Huche choisissent de briser les codes. Ils rendent les princesses plus accessibles et plus humaines en montrant clairement qu’elles ont aussi leurs travers, et qu’en fin de compte, un accident de parcours de temps en temps n’est vraiment pas si grave !