Ma Grande
Mijade

NOTE GLOBALE

❤️❤️❤️❤️❤️

ÂGE CONSEILLÉ

4 - 8 ans

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#BienEtre | #bienveillance | #ConfianceEnSoi | #différence | #géant | #handicap | #résilience | #taille

Autrice/illustratrice : Sibylle Delacroix

Maison d'édition : Mijade

Collection : Albums

Nombre de pages : 28

Date de parution : Juin 2021


Ma Grande raconte l’histoire d’Elise, une jeune fille qui est grande, beaucoup plus grande que les autres enfants de son âge. Mais avoir de si longues jambes, ce n’est pas commode ! Elise ne sait pas quoi faire de ce corps qu’elle n’a pas apprivoisé. C’est pour ça qu’elle est maladroite. Et puis être grande, ce n’est pas pratique pour la photo de classe ! Et ça complique aussi les relations avec les copains. Elise aimerait tant qu’on la remarque pour autre chose que sa taille, et surtout, que l’on s’aperçoive qu’elle est avant tout une enfant comme les autres. 


Ma Grande aborde un thème encore peu abordé dans la littérature jeunesse. On est immédiatement touché par l’histoire d’Elise, cette jeune fille trop grande, qui semble trainer son corps comme un boulet, qui peine à trouver sa place et à se sentir bien parmi les autres. 

C’est avec beaucoup de subtilité que Sibylle Delacroix présente la situation et toutes les implications qui en découlent. Les mots et les dessins se combinent pour mieux nous faire passer les messages essentiels, comme lorsqu’Elise explique qu’elle aime son prénom et qu’elle aimerait tellement qu’on l’utilise plus souvent, plutôt que de s’adresser à elle en l’appelant « ma grande ». Car même si l’autrice ne nous communique jamais son âge, on comprend vite qu’Elise est en réalité bien plus jeune que ce que sa taille laisse imaginer.

C’est aussi grâce à la poésie de ce bel album que l’on comprend tout le mal-être de l’enfant qui a l’impression de n’exister qu’à travers ses particularités. Elise ne veut pas être « LA grande », tout comme d’autres enfants ne veulent pas être « l’enfant malade », « le frère handicapé » ou « l’élève dyslexique ». Quelles que soient leurs différences, les enfants ont besoin qu’on les considère dans leur globalité et, sans nier leurs spécificités, que l’on garde toujours en tête qu’ils restent des enfants malgré tout.



Si Sibylle Delacroix parle de la différence, c’est sous l’angle de l’acceptation de soi. Loin des clichés, le texte ne parle ni de moqueries ni de harcèlement. Il ne fait d’ailleurs nulle part mention du regard des autres. Avec délicatesse et poésie, l’autrice souligne simplement l’impact de la différence sur le vécu et le ressenti de l’enfant concerné. Et tous ceux qui ont un jour été à la place d’Elise se souviendront à leur tour des photos de classe où ils étaient automatiquement relégués au dernier rang, de l’impression de trainer un corps bien trop encombrant, de dépasser tout le monde d’une tête, et de cette maladresse qui leur faisait honte aussi, parfois… 



Heureusement, l’histoire d’Elise se termine bien. Appelée à la rescousse par sa grand-mère chérie, la jeune fille utilise sa grande taille pour attraper le chat coincé en haut d’une armoire. Elle reçoit alors le plus beau des remerciements traduit par quatre mots tout simples : Merci, ma petite-fille. Et voilà que la physionomie d’Elise se métamorphose, que son visage s’épanouit, que son corps semble se déplier pour mieux entrer dans l’étreinte de la grand-mère. Ce n’était pas grand-chose au final, mais non seulement Elise a compris que son corps avait aussi des avantages, mais en plus elle a compris qu’elle sera toujours la petite de sa grand-mère. Et pour une grande petite fille, c’est infiniment précieux ! 


Les textes sont courts mais ponctués de métaphores. On y apprend par exemple que si Elise est distraite, c’est parce qu’elle est tellement grande qu’elle a la tête dans les nuages. Le sens propre et le sens figuré se mélangent pour expliquer les choses de façon imagée et faire rêver les lecteurs.


L’histoire est magnifiquement mise en scène par des illustrations aussi touchantes que le texte qu’elles accompagnent. Elise y apparait rarement en entier. On la voit pliée en deux, courbée ou dépassant du cadre de la feuille, comme pour mieux nous faire ressentir ce qu’elle vit et ce que les autres perçoivent d’elle. Les illustrations sont principalement réalisées au crayon gris agrémenté de traits de crayon rouge. L’ensemble est sobre, mais doux et efficace. Car Sibylle Delacroix réussit à mettre autant de poésie et de douceur dans son texte que dans ses dessins. Et c’est ce qui en fait un livre qu’on aime autant lire que regarder.