Les dragons, ça n’existe pas
Mijade

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ÂGE CONSEILLÉ

7 - 9 ans

TAGS

#dragon | #fable | #fantastique | #humour | #taille | #transformation

Auteur/illustrateur : Jack Kent

Maison d'édition : Mijade

Collection : Passerelle

Nombre de pages : 36

Date de parution : Juin 2021


Lorsque Benoît Brindherbe se réveille un matin, il découvre au bout de son lit un petit dragon rouge de la taille d’un chat. Intrigué, le jeune garçon s’empresse de prévenir sa maman, mais celle-ci est catégorique : les dragons, ça n’existe pas ! Pourtant, qu’il s’habille, qu’il se lave ou qu’il descende les escaliers, Benoît en est certain, il y a bien un dragon qui le suit !

Le petit-déjeuner est plutôt chaotique. Le dragon s’assoit au beau milieu de la table et mange toutes les crêpes destinées à Benoît. Madame Brindherbe voudrait bien lui en faire la remarque, mais c’est impossible puisque les dragons n’existent pas. La seule solution : continuer à nier l’existence de la créature ! Voilà qui ne sera pas une tâche facile… Plus le temps passe et plus le dragon grandit. Faire le ménage se révèle très compliqué lorsqu’il faut se mouvoir dans une maison où un dragon déborde dans chaque pièce.

Plus un dragon est grand, plus il a faim, alors quand la camionnette de la boulangerie Bonpain passe dans la rue, le dragon ne peut plus se retenir. Il se relève d’un coup, soulève la maison avec lui, et se met à courir derrière la bonne odeur de pain. Quelle surprise pour Monsieur Brindherbe qui rentre du travail et se retrouve face à une parcelle de terrain vide de toute habitation ! Heureusement, grâce à ses voisins il retrouve bien vite le dragon gourmand, sa femme et son fils. Et lorsque ceux-ci lui expliquent l’origine de tous ces chamboulements, le dragon commence soudainement à rétrécir jusqu’à retrouver sa taille initiale. Pourquoi était-il devenu si énorme ? Benoît le sait bien : le dragon voulait simplement attirer l’attention. En d’autres termes, il voulait que l’on reconnaisse son existence.

Notre avis :

Les dragons, ça n’existe pas est un classique de la littérature jeunesse. Initialement publié en 1975, on retrouve cette histoire mise en forme pour la collection Passerelle des éditions Mijade. La collection Passerelle fait le pont entre les albums illustrés et les romans. Elle est destinée aux lecteurs débutants (niveau 1 pas) et en passe de devenir confirmés (niveau 2 pas). Les dragons, ça n’existe pas fait partie du niveau 1 pas qui correspond au niveau le plus simple.

La lisibilité du texte est optimale. Les phrases se détachent bien du fond blanc sur lequel elles sont imprimées et les images qui les accompagnent ne se superposent jamais avec le texte. La police d’écriture a été choisie pour faciliter le déchiffrage. Les caractères sont écrits sans utiliser d’empattements, ces petits traits non nécessaires habituellement ajoutés pour décorer les lettres.

Le texte bénéficie également d’un interligne spacieux qui améliore le confort lors du déchiffrage. Il est réparti de façon équilibrée et est accompagné d’illustrations colorées qui servent à soutenir la compréhension et rendent la lecture plus sympathique. L’histoire est suffisamment courte pour être lue d’une traite.

Tout dans la conception de ce livre a donc été pensé pour faciliter le déchiffrage et faire aimer la lecture à un public qui n’est pas encore aguerri. Les enfants fâchés avec la lecture trouveront également de quoi se réconcilier avec cette activité.



Les illustrations ont un style classique. Les personnages sont habillés de façon un peu désuète parce que les dessins représentent les années 1960-1980, époque à laquelle ce livre a été écrit. Cette mise en perspective explique également les rôles très traditionnels attribués aux adultes, avec une maman au foyer et un papa qui travaille pour subvenir aux besoins du ménage. Cela étant dit, si l’on enlève le côté cliché des rôles parentaux, l’ensemble du récit reste pertinent et pourrait tout à fait trouver sa place dans notre époque. 


Les dragons, ça n’existe pas propose enfin une histoire de dragon qui parle d’autre chose que de combats, de princesses séquestrées et de preux chevaliers ! Et une histoire amusante en plus !


Ce qui amuse particulièrement les jeunes lecteurs, c’est la façon dont Jack Kent parle de l’entêtement des adultes. Car même si les preuves s’accumulent et que la réalité devient de plus en plus difficile à nier, la maman de Benoît n’en démord pas : les dragons, ça n’existe pas ! Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus faire autrement que de reconnaitre leur existence.


L’humour met en avant la fracture qui sépare le monde des adultes, rationnels, cartésiens et têtus, de celui des enfants, plus enclins à croire sans se poser des questions. En lisant ce livre, on ressent le malaise de Benoît lorsqu’il s’aperçoit que sa maman ne le croit pas et qu’elle balaie ce qu’il vient de lui dire sans y prêter aucune considération ni chercher à en savoir plus.


On aime beaucoup la morale, expliquée de façon détournée mais efficace. Pourquoi le dragon qui était initialement de la taille d’un petit chat se retrouve-t-il à grandir de plus en plus, au point de mesurer plusieurs mètres de long ? Tout simplement parce qu’il cherche de l’attention. Difficile de ne pas faire le parallèle avec certains comportements agités, mis en place par les enfants qui cherchent à ce que l’on s’occupe d’eux. Les adultes y verront aussi une métaphore intéressante. Et si le dragon représentait ces problèmes que l’on choisit délibérément d’ignorer et qui reviennent de façon de plus en plus flagrante, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire l’autruche et qu’on choisisse de les reconnaitre ?


Ce qui est sûr, c’est que Les dragons, ça n’existe pas est un petit livre qui a beaucoup d’atouts et qui constitue en plus un chouette support de discussion avec nos enfants !