Le jeu à l’âge adulte

Le jeu est une part importante de la vie enfantine, tant et si bien que de nombreux professionnels de l’enfance n’hésitent pas à en faire une sorte de « fonction vitale ». Les enfants jouent parce qu’ils en ont besoin et nous-mêmes, nous les encourageons.

Mais qu’en est-il chez l’adulte ? Cet enfant qui a grandi joue-t-il encore ? À cette question, nous répondons « oui, mais… » : l’adulte joue, mais son activité ludique reste marginalisée.

L’adulte joue, mais comment est-ce perçu ? Est-ce normal ? Et à quoi ces jeux peuvent-ils bien lui servir ?

Le jeu est l’une des activités centrales de la vie de nos enfants. Ce « jeu d’enfant » est tellement accepté et normalisé que nous en avons fait une expression : « simple comme un jeu d’enfant ! »

C’est quand l’enfant grandit que les choses – et le jeu ! – se compliquent.

Cet enfant grandissant commence à avoir des obligations considérées comme plus importantes et plus sérieuses : les devoirs, le sport, les petits jobs. Plus il avance en âge, plus le jeu dérange…

Jusqu’à l’âge adulte où il n’est plus permis de jouer… Il faut travailler.

Le jeu devient alors marginalisé. Il est connoté négativement. Peut-être à cause de son lien passé avec les jeux de hasard et d’argent. Peut-être aussi parce qu’il évoque le désœuvrement : pendant qu’il joue, l’adulte ne fait rien de productif. Enfin, peut-être est-ce dû à certains de courants de la psychologie qui en font l’apanage de l’enfance. Pour ceux-là, l’adulte qui joue est en régression puisque « Jouer c’est pour les bébés !»

Il existe pourtant de nombreux types de jeux : des jeux de règle comme les jeux de société, des jeux de rôle, des casse-tête, des jeux d’action, etc. Et tous ces jeux nous apportent des bienfaits importants.

Selon le genre de jeu que nous choisissons, l’apport sera différent :

- Développer des stratégies : anticiper plusieurs étapes à l’avance, élaborer une tactique, changer de stratégie en cours de route…


- Renforcer les relations sociales : c’est le cas de tous les jeux multi-joueurs et des jeux collaboratifs, qui permettent de passer un bon moment ensemble, qui favorisent le partage et le plaisir de jouer en groupe, et qui permettent de développer les liens intergénérationnels.


- Développer la créativité : le jeu nous confronte à des situations inédites, parfois difficiles à intellectualiser (dans le cas d’un jeu de mime par exemple ; difficile d’intellectualiser le comportement d’un moustique amoureux !). Le jeu nous pousse à voir les choses sous un autre angle et ce faisant nous soumet à une gymnastique mentale qui booste nos capacités créatives. Ce n’est pas pour rien que le jeu est souvent utilisé par les entreprises spécialement destinées à travailler la créativité (agences de publicité, de communication, etc.).


- Freiner le vieillissement : cognitif tout d’abord, car de nombreux jeux font appel à des fonctions cognitives. Autrement dit, plus on joue, plus on utilise ces fonctions cognitives et plus on les préserve. Le jeu donne un regain de vivacité, un nouveau souffle, une sorte de nouvelle jeunesse… Jouer ne permet pas de vieillir moins, mais bien de se sentir moins vieux ! En jouant, on garde son cœur d’enfant !


- Se découvrir : c’est le fameux « connais-toi toi-même » ! Le jeu nous permet d’être spontanés. Dans le cas de certains jeux de rôle, on peut aussi être confronté à des situations angoissantes (la mort, par exemple), on apprend alors à connaître ses limites, à les respecter ou à les dépasser. On peut également choisir de devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un dont on ne soupçonnerait même pas l’existence dans « la vraie vie ». Le jeu nous donne l’occasion d’être qui l’on veut, un héros, un méchant, un monstre, un ange, et même un menteur…


- Apprendre, se cultiver : certains jeux de société sont utilisés en formation d’adultes. C’est le cas en alphabétisation et dans certains cursus scolaires en haute école ou à l’université. Ces initiatives restent cependant isolées (même si elles connaissent un franc succès auprès des apprenants). Dans ce contexte, le jeu permet d’automatiser certains apprentissages ou d’en inculquer de nouveaux. Il permet également de contourner la difficulté de l’apprentissage en mettant l’accent sur le plaisir de jouer ensemble.


À bien y réfléchir, il n’y a aucune bonne raison de priver l’adulte des bienfaits d’une partie de jeu en solitaire ou en groupe.

Jouer c’est se développer, s’enrichir, approfondir ses connaissances de soi et des autres, tisser et renforcer le lien social et intergénérationnel. C’est aussi prendre soin de soi, s’offrir un bain de jouvence !

Alors, pourquoi s’en empêcher ?


Mesdames et Messieurs, faites vos jeux !