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Autrice : Caroline Pellissier
Illustrateur : Mathias Friman
Maison d'édition : Seuil Jeunesse
Collection : /
Nombre de pages : 40
Date de parution : Septembre 2020
L’Azur est un livre jeunesse singulier, qui glisse le lecteur dans la peau d’une chenille pour lui faire découvrir le monde à travers ses deux grands yeux d’insecte.
Tout commence avec un œuf, un petit œuf rond que la chenille considère comme sa bulle. Si elle s’y sentait bien il y a encore quelques instants, cette bulle est à présent trop étroite. À travers ses parois translucides, la petite chenille devine de la lumière et des ombres. Curieuse, elle aimerait explorer le monde extérieur. Ce besoin se fait d’autant plus ressentir qu’elle éprouve soudain une faim incontrôlable : il faut qu’elle mange et pour cela, il faut sortir de l’œuf protecteur.
Son appétit étant provisoirement satisfait, la petite chenille s’interroge : qu’y a-t-il au-delà de la feuille qu’elle vient de grignoter ? Qu’y a-t-il plus haut, plus loin ? La voilà qui, poussée par un élan irrépressible, se met à grimper le long des tiges, puis à avancer à travers les herbes hautes, les trèfles et les fleurs.
En chemin, la petite chenille rencontre d’autres insectes. Elle découvre de nouvelles odeurs, de nouvelles saveurs et même une autre chenille qui lui ressemble étrangement. Mais son expédition à travers la végétation n’est pas sans risque : la petite chenille comprend rapidement qu’elle doit éviter les oiseaux qui cherchent à la manger, et se mettre à l’abri pour éviter les gouttes de pluie qui pourraient l’assommer ou la noyer.
Après autant de rencontres et de découvertes, la petite héroïne ressent le besoin de se mettre au calme afin de réfléchir à ce qui lui est arrivé et ce qu’elle a appris. Intuitivement, elle se met à grimper sur un gros arbre. Toujours accompagnée de l’autre chenille, elle s’installe sur l’une des branches et se met à former un cocon. À l’intérieur de celui-ci, tout est calme. Le monde extérieur n’apparait plus que légèrement. La petite chenille se sent bien.
Au bout d’un moment, le besoin de sortir se fait à nouveau ressentir. Le cocon se fissure et laisse apparaitre une tête puis, dans un bruit de claquement, deux grandes ailes bleues qui se déplient. La petite chenille s’est transformée en papillon. A côté d’elle, son amie a elle aussi terminé sa métamorphose. Ensemble, elles pourront savourer la liberté et voler au plus près du beau ciel azur.
Notre avis :
Des livres sur les chenilles et les papillons, il en existe plein. L’Azur est différent, car l’autrice prend le parti de nous parler de la transformation de la chenille en papillon en utilisant un angle plus personnel et poétique. Raconté à la première personne du singulier, le texte invite le lecteur à se glisser dans la peau de la petite chenille. Les phrases simples et directes lui transmettent toutes les pensées du petit animal qui découvre son environnement. Les quelques onomatopées qui ponctuent le texte lui donnent un aspect sonore. En les lisant, on s’imagine entendre le bruit des ailes qui se déplient, des feuilles qui se font croquer ou des gouttes de pluie qui s’écrasent lourdement sur le sol.
L’immersion dans le rôle de la chenille est encore accentuée par les illustrations de Mathias Friman. Sur les pages de gauche, de petits dessins nous permettent de suivre son évolution. Il s’agit d’une représentation extérieure : on voit la chenille dans son œuf, ramper sur le sol, éviter une goutte, se construire un cocon, etc.
Les pages de droites offrent une perspective tout à fait innovante dans le sens où l’illustrateur représente les scènes à hauteur de la petite chenille, comme si on les voyait par ses propres yeux. Lorsque celle-ci est à l’abri de son cocon, on devine les formes de la végétation qui apparaissent au-delà des parois protectrices, mais on ne les voit pas clairement, puisque la chenille ne les voit pas non plus. Lorsque l’animal s’avance le long d’une tige, on suit à notre tour cette tige dessinée comme un chemin qui s’étend face à nous.
Principalement réalisées au crayon noir, les illustrations perturberont peut-être un peu les enfants qui n’ont pas l’habitude de ce genre de crayonné. Pourtant, il suffira de leur expliquer que ces dessins représentent ce que voient les chenilles pour voir apparaitre leur enthousiasme. Notons aussi le formidable travail graphique réalisé par Mathias Friman qui manie avec brio toutes les nuances de gris pour composer des illustrations hyper réalistes, remplies de détails que l’on se plait à admirer : les brins d’herbe dessinés avec une incroyable précision, les perspectives plus vraies que nature, la présence d’une faune et d’une flore riche, etc.
Plus que l’histoire de la vie d’une petite chenille qui se transforme en papillon, L’Azur est une parabole qui évoque l’enfance et ses changements. Comme la petite chenille, le bébé qui vient au monde doit quitter le repaire douillet dans lequel il se sentait bien, mais qui était devenu trop étroit. Comme elle, il ressent une série de pulsions innées l’amenant à grandir. On comprend que le besoin d’explorer son environnement, la curiosité qui pousse à avancer, la faim d’aventures et de découvertes seront ce qui portera le tout petit dans son chemin vers des stades plus avancés de l’enfance, puis de l’adolescence. Enfin, on comprend aussi que même si ces explorations ne sont pas toujours sans risques, elles sont ce qui nous constitue et ce qui nous fait apprécier d’être vivants.
L’Azur est donc un livre qui vaut assurément le détour !