Chaque année, les fastfoods investissent des millions de dollars dans des stratégies marketing qui ciblent les enfants. Une grosse partie de l’argent investi est consacré à la production des jouets offerts dans les menus…
Et ça marche ! D’après les résultats d’une étude réalisée par 7 chercheurs américains (des universités de Dartmouth et Cambridge), les enfants de 3-5 ans y sont d’ores et déjà sensibilisés. Un enfant qui a « gouté » aux jouets des menus fastfoods en veut plus, toujours plus !
Quelques chiffres pour bien situer la problématique…
Un tiers des enfants américains âgés de 2 à 11 ans consomme quotidiennement de la nourriture et/ou des boissons provenant de fastfoods. Alimentation sucrée et grasse par excellence, l’impact d’une telle consommation sur la santé est évident…
En 2009, les géants du fastfood ont investi 583 millions de dollars dans la publicité et le marketing spécialement destinés aux enfants. Parmi cette somme colossale, 31 millions de dollars ont été dépensés pour produire les jouets des menus enfants !
En un an, les 4 chaines américaines les plus importantes ont proposé 49 sortes de jouets différentes. En tant que leader incontesté du marché, McDonald a vendu à lui seul la moitié de ces jouets.
Les jouets des menus enfants
Histoire de faire d’une pierre deux coups, les jouets des menus enfants font souvent de la publicité pour une autre marque ! La plupart du temps, ils sont liés à un « blockbuster » (StarWars, Lego Movie, etc.), à une série TV à la mode (Bob l’éponge, etc.) ou à d’autres jeux et jouets commercialisés avec succès (Playmobils, Barbie, etc.).
Le plus souvent, ces jouets constituent une collection (à l’occasion de l’Euro 2016, il y avait par exemple 24 figurines de joueurs de foot à collectionner…). Or, plusieurs études psychologiques prouvent que les enfants sont des collectionneurs nés ! À chaque passage au fastfood, l’enfant reçoit une figurine… ce qui augmente son envie d’obtenir celles qui manquent encore à sa collection !
Naturellement, l’enfant qui aime jouer associe le plaisir de recevoir un jouet au fait de se rendre au fastfood et d’y manger… Au final, la qualité de la nourriture ingurgitée devient secondaire. Pire : l’enfant s’habitue à mal manger et apprécie cela.
L’étude
Pendant 1 an, les chercheurs ont demandé à des parents d’enfants de 3 à 5 ans de remplir des questionnaires concernant l’utilisation des médias, les choix de nourriture, les habitudes d’achat, etc. Systématiquement les questionnaires demandaient si l’enfant avait mangé dans un fastfood durant la semaine précédente et s’il savait qu’il y recevrait un jouet dans son menu.
583 parents ont participé à cette étude de grande envergure.
Résultats obtenus
La moitié des enfants sondés avaient mangé dans un fastfood la semaine précédant la remise du questionnaire. Ceux-ci étaient plus susceptibles de manger au fastfood s’ils savaient qu’ils y recevraient une surprise.
Dans la moitié des cas, les parents indiquent que c’est grâce à la télévision que leurs enfants (de maternelle !) connaissent la surprise offerte dans le menu. 43 % d’entre eux pointent le rôle des affiches publicitaires présentes en rue. Enfin, 27 % des parents ont déclaré aller au fastfood spécialement pour la surprise demandée par leur enfant.
Ce qu’il faut en retenir
- Bien que les enfants européens fréquentent moins les fastfoods, ces chiffres révèlent une tendance internationale. Les géants du fastfood investissent massivement pour attirer les enfants ; leurs arguments sont bien rodés et ça fonctionne !
- Les conclusions de l’étude sont très claires : plus l’enfant connait la surprise (qui n’en est plus une… !) contenue dans son menu, plus il désire l’obtenir et plus il est susceptible d’atteindre son objectif (ses parents veulent lui faire plaisir et il le sait !).
- L’enfant qui reçoit un jouet dans son menu a été attiré dans le but de consommer au fastfood. Il reçoit un produit publicitaire qui l’incite à consommer ailleurs également. En effet, le petit cadeau du menu lui donne une furieuse envie d’acheter d’autres jouets et/ou produits de la marque, de voir le film, etc. L’envie du produit n’est donc pas assouvie, bien au contraire… L’enfant en veut toujours plus.
- Comment limiter les dégâts ? Pas de miracle. Évitez un maximum l’influence de la publicité (en minimisant le temps dédié à la TV par exemple, en discutant avec votre enfant, en lui expliquant ce qu’on essaie de lui vendre et pourquoi), et résistez au maximum !
- Offrir un cadeau à son enfant est une envie (voire un besoin !) que tout parent éprouve naturellement… Alors autant offrir un bon jouet, indépendamment des mille et une babioles diffusées par les chaines de restauration rapide.
- Tout ceci ne signifie pas qu’il faut bannir le fastfood, mais plutôt qu'il est nécessaire de rester en mesure de faire la part des choses… Un parent averti en veut deux !
Longacre, M., Drake, K., Titus, L., Cleveland, L., Langeloh, G., Hendricks, K., & Dalton, M. (2016). A toy story: Association between young children's knowledge of fast food toy premiums and their fast food consumption. Appetite, 96, pp. 473–480.