Gaspard dans la nuit
La Martinière Jeunesse

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ÂGE CONSEILLÉ

5 ans +

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#amitié | #aventure | #bienveillance | #courage | #imagination | #noir | #nuit | #peluche | #peur | #rêves | #sommeil

Autrice/illustratrice : Seng Soun Ratanavanh

Maison d'édition : La Martinière Jeunesse

Collection : Albums

Nombre de pages : 40

Date de parution : Octobre 2020


Seul dans son lit, Gaspard n’arrive pas à s’endormir. Plus le sommeil se fait attendre, plus son imagination commence à lui jouer des tours. Les bruits, les formes, la pénombre qui l’entourent deviennent effrayants. Ah, si seulement j’avais un ami auprès de moi, pense-t-il alors ! C’est à ce moment-là que surgit Aglaé. Haute comme 3 pommes, la petite souris sort de sa table de chevet pour l’aider à découvrir l’amitié.


Accompagné d’Aglaé, Gaspard parcourt les pièces de sa maison et y découvre des personnages hauts en couleur. Il y a Alexandrie, la taupe myope mais érudite, qui habite dans les rayons de la bibliothèque. Il y a Octave, pianiste et mélomane, toujours enthousiaste lorsqu’il s’agit de jouer un morceau de musique. Il y a aussi Gédéon, un jeune pingouin qui est la risée de sa famille tant il a peur de tout. Et justement, agrippé à sa bouée jaune, cette nuit-là, Gédéon a particulièrement peur de prendre son bain. Enfin, il y a aussi Basile, un panda géant coincé dans la machine à laver, et Patrick, un porcelet gourmet, spécialiste de la cueillette de champignons.

Au fur et à mesure des rencontres, le groupe apprend à se connaitre, discute, partage des jeux et des activités. La nuit est tellement moins ennuyante quand on est accompagnés ! Et elle est moins effrayante quand on pense à autre chose !

À force de s’amuser, les nouveaux copains commencent enfin à ressentir la fatigue qui leur faisait défaut. Résolus à poursuivre leur recherche d’un ami, ils se souhaitent une bonne nuit, se promettent de se retrouver la nuit suivante, puis s’endorment le sourire aux lèvres.

Notre avis :

La solitude, l’amitié, les peurs enfantines dont la célèbre peur du noir sont quelques-uns des principaux thèmes abordés par Gaspard dans la nuit. La relation souvent conflictuelle que les enfants ont avec le sommeil est particulièrement bien représentée. L’histoire montre cette tension entre le manque d’enthousiasme à l’idée de devoir aller dormir (qu’y a-t-il de plus ennuyeux pour un enfant ?!) et l’envie de s’endormir vite (puisqu’attendre sans rien faire dans son lit est encore plus ennuyant !). Malheureusement, plus Gaspard se met la pression pour réussir à s’endormir, moins il y arrive. Et plus il attend seul dans son lit, plus les peurs tapies au fond de lui remontent à la surface. Ce schéma caractéristique sera reconnu par de nombreux parents et leur permettra de mettre des mots sur ce que vivent leurs enfants au moment du coucher.

Si l’imagination de Gaspard lui joue des tours en ravivant sa peur de l’obscurité, elle peut aussi être bien utile. Ce bel album montre à quel point l’imagination débordante des enfants peut être utilisée pour apaiser la relation au sommeil en le rendant drôle et poétique, en s’inventant des histoires à partir de ce qui les entoure. Et c’est justement ce que fait Gaspard sans même le savoir, puisqu’on découvre à la fin du livre que ses compagnons d’aventure sont en réalité ses jouets avec qui il s’est imaginé vivre toutes sortes d’histoires amusantes. Et quand, apaisé, il s’endort tranquillement, on comprend que tous les rêves éveillés qu’il s’est amusé à construire l’ont effectivement aidé à trouver le sommeil.


Des poissons qui volent comme des oiseaux, une baignoire qui ressemble à une mare, puis une salle de bain transformée en mare au milieu de laquelle, parmi les grenouilles et nénuphars flotte ladite baignoire… Gaspard dans la nuit est un album qui mêle le rêve et la réalité dans une histoire poétique et onirique qui parle à l’imaginaire des lecteurs.


On ne peut que tomber sous le charme des grandes illustrations qui recouvrent les doubles pages et dans lesquelles le texte a été inséré. On aime leurs traits fins, la présence des motifs, les couleurs qui se marient à merveille, et surtout, les très nombreux détails que l’on prend plaisir à découvrir de manière fortuite. On apprécie que ces détails aient du sens : les fleurs du papier peint se transforment en plantes carnivores lorsque Gaspard a l’impression que sa chambre plongée dans le noir est dangereuse, les portes cachées dans un vase ou un tableau semblent nous inviter vers d’autres pays imaginaires, etc.


Terminons par souligner la qualité du langage utilisé par Seng Soun Ratanavanh. Le texte est composé de phrases simples et d’autres plus élaborées. Le vocabulaire est précis et soutenu. Il devra sans doute parfois être explicité par le parent qui fait la lecture, mais c’est là toute la richesse de ce genre d’ouvrage qui, en plus de favoriser l’imagination, invite les enfants à rencontrer un lexique moins connu mais néanmoins intéressant.


Gaspard dans la nuit est donc un très bel album qui parle d’affronter ses peurs comme un voyage initiatique à travers la nuit, et qui nous questionne sur la vraie nature de l’amitié.