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Autrice : Géraldine Collet
Illustrateur : Sébastien Chebret
Maison d'édition : Mijade
Collection : Albums
Nombre de pages : 28
Date de parution : septembre 2020
« Quand un matin le loup fit son jogging en forêt, je n'ai prévenu personne puisque dans mon arbre, je ne risquais rien. Lorsqu'il s'arrêta et mangea toutes les mûres sauvages, je ne dis rien non plus car moi, je me nourris de noisettes bien rondelettes. »
C’est ainsi que commence cette histoire écrite par Géraldine Collet et illustrée par Sébastien Chebret.
Le petit héros de cette histoire est un écureuil qui voit un loup affamé entrer dans sa forêt puis voler la nourriture des autres, mais qui ne réagit pas puisque ce n’est pas sa nourriture à lui. Les actes du loup deviennent rapidement plus graves : il attaque un cochon, un mouton, et même le Petit Chaperon Rouge… L’écureuil se rend bien compte que la situation est critique mais choisit pourtant de rester silencieux, car bien à l’abri de son arbre, lui ne risque rien.
Quand le loup, rassasié, quitte enfin la forêt, l’écureuil soulagé sort de sa cachette. Il veut prévenir les autres mais ne rencontre personne à part un autre loup affamé qui s’en vient. Le premier loup ayant tout mangé, que reste-t-il au second ? Les noisettes de l’écureuil, évidemment ! Là, c’en est trop pour le petit rongeur qui interpelle la grande méchante bête mais se retrouve vite pris au piège. Capturé, le petit écureuil se met à demander de l’aide. Mais il a beau crier, personne ne réagit, tout comme lui n’avait pas réagi quelques heures auparavant…
Même si elle commence mal, l’histoire se termine bien. Plusieurs animaux vont en effet décider de sortir de leurs cachettes et s’unir pour chasser le loup et sauver l’écureuil. L’issue positive évite que les enfants à qui on fait la lecture ne soient choqués. Mais à l’instar de l’écureuil, ceux-ci comprennent bien que la chute aurait pu être plus dramatique si personne ne s’était décidé à bouger.
L’histoire traite d’un sujet difficile mais important à aborder. Et elle le fait d’une manière qui interpelle les enfants. Car en assistant aux méfaits des loups, en éprouvant de la sympathie pour l’écureuil, en s’inquiétant de sa capture, ils se retrouvent eux-mêmes dans la position du témoin qui observe des événements négatifs se produire. Et ils ressentent concrètement à quel point cela les met mal à l’aise. Qu’ils s’énervent contre les animaux qui se terrent sans bouger, qu’ils expriment à voix haute ce qui devrait être fait ou qu’ils s’en inquiètent, les enfants comprennent l’importance de bouger, de réagir, lorsque les autres sont en danger.
Gare à tes noisettes ! ouvre la discussion et fait naitre des questions qui promettent des échanges intéressants. Ce livre nous interroge sur le moment idéal pour passer à l’action. Jusqu’à quand peut-on accepter que des actes ou des événements avec lesquels on n’est pas d’accord se déroulent devant nous ? Jusqu’à quand pouvons-nous fermer les yeux sous prétexte que cela ne nous concerne pas directement ? La prévention, l’action précoce ou les moyens d’action pourront aussi être discutés suite à la lecture : que se serait-il passé si l’écureuil avait directement montré son opposition ? Aurait-il mieux valu qu’il s’oppose au premier loup, qu’il rameute les autres animaux, qu’il aille chercher quelqu’un de plus grand ou de plus fort ? Autant de pistes de réflexion qui montrent que cet album est un support idéal pour évoquer la thématique du harcèlement dans sa globalité.
Enfin, terminons en soulignant les illustrations colorées et expressives de Sébastien Chebret qui apportent une touche de légèreté en contrastant avec le ton sérieux de l’histoire.
Gare à tes noisettes ! est donc un livre qu’on ne peut que conseiller, qui devrait être lu dans toutes les écoles, mais qui a aussi toute sa place au cœur des foyers.