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Autrice/illustratrice : Snezhana Soosh
Traducteur : Gaël Renan
Maison d'édition : Le Genévrier
Collection : Est-Ouest
Nombre de pages : 40
Date de parution : Août 2020
Sirène et moi est un livre aussi doux et poétique qu’intéressant au niveau de son contenu !
Commençons par nous intéresser à cette histoire qui narre la rencontre entre une fille des fonds marins et une fille de la terre.
La petite héroïne de ce livre est une jeune fille un peu en décalage par rapport aux autres enfants de sa classe. Sa passion : les sirènes ! Pour elle, c’est sûr, elles existent ! Malheureusement, ses convictions ne sont pas partagées par les autres… Tournée en ridicule, la petite fille passe le plus clair de son temps seule.
Un jour que la solitude lui pèse particulièrement, la jeune fille contemple la mer et aperçoit un visage au creux des vagues. Une tête, deux yeux, un nez et une longue queue scintillante… c’est une sirène !
Les jours, les semaines et les mois passent tandis que les deux jeunes filles apprennent à se connaitre, à s’apprécier et à devenir amies. Jusqu’au jour où, après une énorme tempête, Sirène ne revint plus…
Inquiète, la petite fille la cherche partout et finit par la retrouver prise au piège dans un filet de pêcheur. Les mailles trop épaisses l’empêchent de la délivrer, tandis qu’autour d’elle la mer est remplie de déchets… Sirène a besoin d’aide ! La jeune fille est fermement résolue à agir et ne la laissera pas tomber…
Notre avis
La première chose que l’on voit en feuilletant ce livre, ce sont les illustrations de Soosh.
Réalisées à l’aquarelle, elles jouent avec la transparence, laissant parfois entrevoir le grain du papier comme pour mieux mettre en avant certaines textures et faire ressortir l’aspect granuleux du sable ou le corps de la sirène. Les couleurs sont douces et dosées avec parcimonie. L’artiste n’hésite pas à laisser des surfaces complètement blanches, ce qui donne aux illustrations un côté lumineux et résolument léger. Les personnages et les décors sont représentés avec réalisme. On aime tout particulièrement le soin apporté aux expressions des visages qui nous rappellent toute la naïveté de l’enfance.
La lecture de l’album est à la hauteur des illustrations. Écrit au passé simple, le texte composé de phrases au vocabulaire soigneusement choisi est aussi très riche en enseignements.
En effet, les messages véhiculés par Sirène et moi sont nombreux. Ce que Soosh nous raconte, c’est avant tout la possibilité de construire des ponts entre des mondes qui semblent à première vue éloignés. La petite fille et la sirène n’ont pas le même vécu, elles ne savent pas comment fonctionne le monde l’autre. Et pourtant, à force de discuter ensemble, elles apprennent à voir les ressemblances par-delà leurs différences.
Elles apprennent aussi à utiliser leurs forces pour se faire progresser l’une l’autre, comme lorsque la sirène apprend à la petite fille à nager, et qu’à son tour, la petite fille trouve une astuce pour faire ressentir à la sirène toutes les sensations d’une balade à vélo.
Sirène et moi, c’est donc l’histoire de l’amitié qui se construit au fil du temps partagé ensemble. Mais ce n’est pas tout ! Ce livre est aussi un plaidoyer écologique. Et pour cela, il n’a pas besoin d’explications moralisatrices. La seule histoire suffit pour faire comprendre au lecteur l’influence de l’Homme sur l’écosystème marin. Ainsi, c’est avec douceur mais réalisme que Soosh nous montre une tortue prisonnière d’un lacet en plastique, une mer remplie de déchets charriés par des vents violents, ou l’impact des filets de pêcheurs abandonnés en pleine mer.
Enfin, l’histoire met aussi le doigt sur le conformisme et la complexité des relations entre enfants, surtout lorsque l’un d’eux sort du lot. Dans cette histoire, c’est évidemment la petite fille qui peine à rentrer dans le moule. Sa passion des sirènes entraine le rejet et la moquerie. Pourtant, lorsqu’elle viendra supplier ses camarades de l’aider à libérer son amie, contre toute attente, ils accepteront de la suivre et de l’aider. Et que fait une troupe d’enfants qui décide d’unir leurs forces ? Ils changent le monde évidemment !