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Autrices : Isabelle Filliozat & Virginie Limousin
Illustrateur : Éric Veillé
Maison d'édition : Nathan
Collection : Les cahiers Filliozat
Nombre de pages : 100
Date de parution : Avril 2016
Impossible de louper ce grand cahier à la couverture rose fluo, et c’est tant mieux, parce que son contenu est vraiment intéressant ! Écrit par Isabelle Filliozat, figure phare de la parentalité positive, et Virginie Limousin, psychothérapeute, il propose une centaine de pages consacrées à la thématique des émotions.
Les 90 premières pages (environ) sont conçues comme un cahier d’activités tandis que les dernières forment un cahier spécialement destiné aux parents.
Ce livre-outil commence avec la liste du matériel nécessaire pour réaliser toutes les activités proposées par la suite. Ciseaux, colle, papier collant, crayons et feutres pour l’essentiel. On est ravis de ne pas avoir besoin d’éléments spécifiques dont l’absence s’avérerait bloquante !
Tout au long des pages, les autrices utilisent une petite mouette qui s’adresse directement à l’enfant. Le style est simple, direct et ponctué de notes d’humour. Dès le début de l’ouvrage, l’enfant est placé comme acteur de la maitrise de ses émotions. Cette responsabilisation commence lorsqu’on lui demande de cocher la case indiquant si oui ou non il est prêt à aller plus loin dans ce travail. Par la suite, on lui proposera souvent de se dessiner, seul, avec des membres de sa famille ou des amis. En se représentant avec ses proches, il tisse un lien beaucoup plus concret avec ce qu’il apprend lors de chaque activité. Ce n’est pas de la théorie, cela s’applique à sa situation personnelle !
Les activités en tant que telles sont d’une simplicité enfantine. Si un jeune lecteur de 5 ans trouvera peut-être quelques difficultés à suivre les chemins d’un labyrinthe ou répondre à un quizz, la majorité du public de ce livre accomplira les exercices facilement. Le but n’est en effet pas de mettre le lecteur en situation d’échec. Les activités servent de prétexte au travail sur les émotions ; elles sont donc d’autant plus efficaces si elles sont réalisées correctement.
Illustrons cela par un exemple. Une des premières activités présente une double page remplie de dessins. Le lecteur doit y entourer les émotions qui se trouvent parmi d’autres éléments comme des objets et des animaux. Niveau de complexité : 0. L’enfant a donc vite terminé et se trouve alors face à une annotation qui lui explique que les 7 émotions entourées constituent les 7 émotions de base. Un processus simple, mais terriblement efficace !
Une fois les 7 émotions de base identifiées, les autrices amènent l’enfant à les étudier plus en détail. Il y découvrira leur rôle, le lien entre ce qu’il ressent parfois à l’intérieur de lui et ce qui s’exprime sur son visage, l’universalité des émotions, et bien d’autres choses encore. Les explications sont chaque fois courtes et formulées avec un langage très accessible. Le vocabulaire reste néanmoins précis, ce qu’on apprécie particulièrement. Ainsi, lorsqu’elles parlent des effets biologiques des émotions, Isabelle Filliozat et Virginie Limousin n’ont pas peur de parler d’hormones de peur, d’ocytocine ou de dopamine. Les autrices n’hésitent pas non plus à utiliser des métaphores pour aider l’enfant à mieux comprendre comment se représenter certains concepts. Par exemple, les mots blessants sont évoqués comme des mots cailloux. L’enfant apprend qu’il peut se protéger de leurs impacts en enfilant une armure imaginaire.
Réalisés avec des couleurs très tranchées (on ne trouve que du noir, du blanc et du jaune fluo à l’intérieur du livre), les dessins d’Éric Veillé accompagnent à merveille les activités. Les adultes qui aiment les illustrations pastel, détaillées ou plutôt traditionnelles ne s’y retrouveront sans doute pas. Pourtant, leur style résolument jeune et contemporain plait aux enfants et est particulièrement efficace. Qu’ils soient humains, animaux ou autres, tous les personnages sont très expressifs. Avec leurs traits épurés et francs, les émotions sont elles aussi représentées de façon à être facilement distinguées les unes des autres.
Terminons cette analyse par quelques dernières précisions.
Une note tout d’abord concernant le public cible. Si ce cahier constitue une chouette première base de travail sur les émotions, il n’est ni exhaustif ni très détaillé. On le réservera donc aux lecteurs qui ne sont pas encore experts dans ce domaine. De même, on évitera de l’offrir aux enfants qui n’aiment pas colorier, dessiner, ou découper, puisque la majeure partie des activités leur demandera de telles actions.
Au niveau pratique, on apprécie que les pages devant être découpées aient été imprimées de sorte que leur verso soit vierge de toute nouvelle activité. Cela parait basique, mais c’est pourtant un défaut que l’on retrouve dans un bon nombre de cahiers d’activités…
Présents à la fin du cahier, les autocollants sont utilisés pour compléter certaines des activités. Un procédé qui fait mouche, puisque la grande majorité des enfants aiment les autocollants !
Enfin, comme s’il fallait encore rajouter des arguments par rapport à ce Cahier Filliozat, notons qu’il propose plusieurs supports concrets dont les lecteurs se serviront facilement dans leur vie quotidienne. Parmi ceux-ci : un loto, une roue et une cocotte pour jouer sur le thème des émotions, un diplôme de découvreur des émotions, des bons à compléter, une affiche à coller dans l’entrée et qui rappelle l’importance des câlins, etc.
Un cahier que tout enfant devrait avoir la chance de feuilleter au moins une fois !