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Auteurs/illustrateurs : The Fan Brothers
Maison d'édition : Little Urban
Collection : /
Nombre de pages : 72
Date de parution : Octobre 2020
C’est au cœur d’un laboratoire secret caché en dessous d’une boutique de « Parfaites Créatures », que se déroule l’histoire du Projet Barnabus. Dans un sombre dédale de couloirs et de salles, un groupe de scientifiques joue avec la biologie expérimentale et la génétique pour donner naissance aux créatures les plus douces, les plus symétriques, les plus mélodieuses qui soient, bref aux « Parfaites Créatures » qui sont ensuite vendues dans le magasin du même nom.
Parmi les nombreuses pièces de l’immense laboratoire souterrain se trouve celle dédiée aux expériences ratées. C’est là que, soigneusement rangés sur une étagère, se trouvent Barnabus, Brioche, Pompidou, Gazouillis, P’tit buisson, Splotch, et tant d’autres encore, chacun isolé sous une cloche en verre affichant la mention « ratée ».
Toutes ces créatures sont en effet considérées comme ratées. Leurs yeux ne sont pas assez grands, leurs poils ne sont pas assez doux, leur corps n’est pas idéal, bref, elles ne répondent pas aux exigences du marché et restent là à attendre qu’un jour, des hommes en combinaison verte viennent les mettre au recyclage.
Parmi ces créatures se trouve Barnabus.
Barnabus ressemble à un mélange de souris et d’éléphant, mais en miniature. Grâce à son ami cafard qui déambule librement, Barnabus sait qu’il existe un monde en dehors de sa sinistre prison. Un monde rempli de collines, d’arbres et de lacs. Alors, lorsqu’il comprend qu’il est destiné à être recyclé, la situation lui semble plus injuste que jamais. Comment peut-on le mettre au rebut ? Pourquoi ne serait-il pas parfait comme il est ?
Révolté, Barnabus décide de fuir. Mais comment fait-on pour partir quand on est petit et prisonnier d’un dôme en verre ? On persévère, tout simplement ! Après plusieurs tentatives, Barnabus réussit à se libérer de sa prison. Et plutôt que de s’enfuir seul, il se met à libérer ses compagnons d’infortune.
Quel bonheur de pouvoir enfin se dégourdir les pattes ! La troupe de Créatures Ratées s’étire et gazouille de plaisir. Mais les hommes en combinaison verte sont partout, il faut partir…
La première chose à faire est de réussir à atteindre le sol. L’étagère est haute et le sol semble fort bas, pourtant, en s’entraidant, les Créatures Imparfaites réussissent à l’atteindre. Toutes entrent ensuite dans le système d’aération du bâtiment, puis suivent les canalisations en direction de la sortie. Leurs déambulations les amènent dans une grande salle où se trouve une créature tellement effrayante que le petit groupe ne souhaite qu’une seule chose : partir ! Mais Barnabus refuse de la laisser prisonnière et fait tout ce qu’il peut pour la libérer elle aussi.
Au loin, les hommes en combinaison verte s’apprêtent à rattraper les fuyards, quand tout à coup, Barnabus réussit à ouvrir la cuve abritant l’énorme créature. Son ouverture libère une importante quantité d’eau qui coule, coule, et coule, formant une énorme vague qui emporte tout le monde avec elle jusqu’à la sortie au beau milieu du magasin de Créatures Parfaites. Quel capharnaüm !
Mais Barnabus et ses copains n’ont pas le temps de trainer. S’ils veulent échapper au recyclage, ils doivent fuir loin du magasin et du laboratoire. C’est dans un parc qu’ils trouveront refuge. Et si la vie n’est pas facile lorsqu’il faut tout apprendre (de la façon de se nourrir à celle de s’abriter et de se tenir chaud, par exemple), c’est ensemble que les Créatures Imparfaites décident de relever ce nouveau défi… et de savourer leur liberté !
Notre avis
Ce nouvel album des Fan Brothers est une merveille.
Les dessins sont d’une finesse et d’une précision incroyables. Représenté sous le magasin, le laboratoire comporte un dédale de couloirs, de pièces sombres et éclairées, de zones de stockage et d’expérience. On aime se plonger dans sa représentation plausible et minutieuse.
Les Créatures Ratées sont dessinées avec de nombreux détails qui contribuent à les rendre singulières. Leurs visages expressifs communiquent leurs émotions aux lecteurs, ce qui les rend particulièrement touchantes.
L’histoire et les images se combinent à merveille et font naitre chez le lecteur un réel sentiment d’empathie. Impossible de rester insensible face au combat de Barnabus. Plus on progresse dans la lecture, plus on a envie de lui dire qu’il a raison, qu’il est parfait comme il est et que ses compagnons d’infortune le sont tout autant. Jusqu’au bout, on retient notre souffle en espérant qu’ils retrouveront la liberté à laquelle ils aspirent.
Le mélange de phrases dialoguées et déclaratives rend le texte agréable à lire. Mais ce qui nous plait le plus, ce sont les nombreux messages véhiculés par l’histoire. Car Le projet Barnabus, c’est avant tout un livre qui parle de la conformité, du désir de perfection et du rejet de ce qui est différent. Parce qu’à toujours vouloir posséder des produits parfaits, on finit par rechercher cette perfection jusque dans les créatures vivantes qui nous entourent.
Vous l’aurez compris, l’histoire encourage le lecteur à avoir confiance en lui et à s’aimer, même (et surtout !) s’il a des imperfections. Car ce sont nos imperfections qui font toute notre singularité et notre richesse. En effet, au contraire des Créatures Parfaites mises en rayon par milliers, Barnabus possède l’immense atout d’être unique.
Le projet Barnabus nous encourage également à nous battre pour ce en quoi nous croyons.
Enfin, cet hymne à l’amitié, à l’entraide, à la liberté et à l’acceptation de soi nous fait aussi réfléchir aux dérives de la science quand elle est utilisée pour sélectionner les individus qui ont le droit de vivre.
Vous l’aurez compris, Le projet Barnabus est un livre précieux que l’on vous recommande vivement !