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Autrice/illustratrice : Ghislaine Herbéra
Maison d'édition : Éditions MeMo
Collection : Albums
Nombre de pages : 44
Date de parution : Septembre 2020
Un soir, alors qu’elle s’était installée sous la table de la salle à manger pour lire Le Petit Poucet, Nin entend ses parents chuchoter : l’hiver arrive, le temps s’annonce froid et ils manqueront de bois. Dès le lendemain, ils iront en forêt pour en couper. Nin soulève doucement la tête. Cette discussion lui semble familière : le manque de ressources, le besoin d’aller en forêt… tout cela ressemble étrangement à l’histoire de son livre, et ça ne la rassure pas !
Cette nuit-là, alors que ses frères et sœurs dorment profondément, Nin tripote son collier de perles, quand soudain, elle a une idée…
Le lendemain matin, toute la famille part en forêt. Nin suit le petit groupe. Elle sait ce qu’elle a à faire. Lorsque ses parents les laissent dans une clairière en leur demandant de les attendre, elle en est sûre : ils viennent d’être abandonnés !
Heureusement, elle avait prévu le coup et s’était empressée de semer les perles de son collier tout au long du sentier qui les menait à la clairière. Ils pourront donc facilement retrouver le chemin de leur maison. Du moins, c’est ce qu’elle pensait avant que son grand frère Nestor lui rapporte fièrement ses perles, pensant qu’elle les avait égarées bien malgré elle.
Nin est catastrophée : sans ses perles en guise de repère, ils sont bel et bien perdus ! Elle décide pourtant de ne rien dire pour ne pas effrayer ses frères et sœurs qui s’occupent en toute insouciance. Alors, pendant que ceux-ci jouent, tissent des paniers, préparent un campement et se déguisent, elle se met à escalader les tiges des fleurs en espérant que d’en haut, elle parviendra à voir où se situe leur maison.
Le sommet est haut et Nin n’est pas rassurée. Pour s’encourager, elle se met à chanter. En bas, personne ne la voit, mais pourtant tous l’entendent. Nin finit par atteindre la cime de la végétation. Assise sur une feuille, elle contemple le paysage en se demandant où peuvent bien se trouver ses parents…
C’est à ce moment-là que ceux-ci débarquent dans la clairière, les bras et le dos chargés de bois coupé. Car les parents de Nin avaient réellement besoin de bois. Et s’ils ont pris autant de temps pour revenir, c’est simplement parce qu’ils s’étaient perdus. Heureusement que la voix de Nin les a guidés jusqu’à eux !
Heureuse d’être à nouveau réunie, la petite famille décide de passer la nuit dans le campement construit par les enfants. Nin et ses frères et sœurs profitent tous ensemble de ce doux moment à la belle étoile, au cœur de la forêt.
Notre avis :
Dans la forêt est un livre qui mérite une belle place dans votre bibliothèque.
Colorées et enfantines, les illustrations de Ghislaine Herbéra savent comment capter l’attention des lecteurs. On aime le soin apporté à la végétation, les couleurs vives, le dégradé de tons chauds, le mélange de traits au crayon et à l’aquarelle.
Les illustrations fourmillent de détails qui nous donnent le sentiment d’observer des scènes pleines de vie : partout, des insectes s’affairent à leurs occupations habituelles tandis que les personnages sont représentés en plein mouvement, avec des visages expressifs qui soutiennent la compréhension du texte. L’ensemble est dynamique et esthétique.
Ni humains, ni animaux, ni monstres, les personnages de Ghislaine Herbéra ressemblent à une famille de cacahuètes armées de bras et de jambes. Leur apparence totalement irréelle aide le lecteur à comprendre qu’il s’agit d’une histoire imaginaire.
Filles et garçons, Européens, Africains et Asiatiques, grands et petits, porteurs d’un handicap ou non, tous les enfants se glissent facilement dans la peau de ces personnages aux visages sympathiques, dont les caractéristiques physiques laissent place à toutes les interprétations possibles.
En présentant l’histoire d’une petite héroïne qui, suite à la lecture du conte du Petit Poucet, a peur d’être abandonnée par ses parents, l’autrice choisit d’évoquer la peur de l’abandon.
En lisant ce livre, les enfants comprennent que toutes les histoires ne se terminent pas mal et que ce n’est pas parce que certains contes parlent de parents qui abandonnent leurs enfants que leurs propres parents feront de même. Au contraire, ils découvrent que même si leurs parents rencontrent un contretemps, ils reviendront de toute façon les rechercher. Voilà qui est rassurant !
Avec beaucoup d’empathie, l’autrice met en évidence combien les peurs conduisent parfois à interpréter négativement des actes et des gestes pourtant bien anodins. Sans jamais diminuer l’impact que ce sentiment de peur peut avoir, Ghislaine Herbéra insiste sur l’importance de garder espoir.
Dans la forêt est un livre qui représente aussi à merveille les différentes façons de vivre une même situation, de même que le poids des rôles que l’on a tendance à s’autoattribuer.
Pour épargner ses frères et sœurs, Nin décide de ne rien dire des inquiétudes qui la rongent. Seule, elle endosse le rôle de la personne qui devra partir à la recherche d’une solution permettant de sauver toute la fratrie… Cette histoire est donc parfaite pour discuter avec les enfants qui ont tendance à se mettre trop de pression sur les épaules.
