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Auteur/illustrateur : Stéphane Kiehl
Maison d'édition : La Martinière Jeunesse
Collection : Albums
Nombre de pages : 32
Date de parution : Septembre 2020
Le narrateur est un jeune garçon qui, depuis toujours, habite un chalet entouré par les montagnes et la forêt. Un matin, celui-ci se rend compte qu’un renard a pris l’habitude de venir déguster les restes de nourriture jetés dans la poubelle de sa maison. Fasciné par cet animal farouche, il décide de l’observer par la fenêtre. Un jour, sur un coup de tête, le petit garçon s’empare de son manteau, sort de chez lui et se met à suivre l’animal pour essayer de le caresser. Malheureusement, le jeune garçon perd rapidement la trace du renard et ce n’est que lorsqu’il est déjà bien avancé dans la forêt qu’il s’en rend compte…
Alors qu’il s’apprête à rebrousser chemin, le narrateur s’aperçoit que le nuage qui surplombait auparavant les montagnes est à présent descendu. Autour de lui, le brouillard s’étend de plus en plus. Quelques instants plus tard, c’est au tour de la neige de s’y mettre elle aussi. Sans carte ni boussole, le petit garçon est bel et bien perdu.
La neige qui s’accumule transforme le paysage et le rend inhospitalier. Le jeune narrateur commence à avoir froid et peur, mais il ne panique pas pour autant. Au contraire, il décide d’appliquer les conseils donnés par d’autres villageois : il creuse un trou, confectionne un rempart avec la neige et s’y abrite. L’attente est longue. Les bruits sont nombreux et mettent l’imagination à rude épreuve. Au bout d’un moment pourtant, une éclaircie apparait enfin. Le vent souffle les nuages de brouillard et fait réapparaitre le paysage. C’est alors qu’il la voit, LE repère auquel il a toujours été habitué, celle qui veille sur son village et sa maison : la grande montagne et son glacier bleu. Grâce à elle, le jeune garçon sait comment s’orienter pour retrouver le chemin de sa maison. Quant au renard, il pourra sûrement l’observer un jour prochain.
Notre avis :
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Blanc est un livre immersif. Ce bel album illustré nous plonge dans l’univers montagnard, nous fait ressentir la puissance des forces de la nature, mais aussi tout le tourbillon d’émotions vécues par le petit narrateur.
Les images et le texte se combinent de sorte à créer une ambiance particulièrement convaincante. Au fil des pages, on ressent l’atmosphère glaciale, le souffle froid du vent, la brume qui descend et enveloppe tout sur son passage. Les dessins nous montrent le paysage qui se transforme, se recouvre de neige et d’un épais brouillard. En les observant, on ne peut qu’imaginer l’omniprésence du silence.
Au niveau de la conception, on apprécie beaucoup les feuilles de papier calque insérées au milieu des feuilles de papier traditionnelles. Semi-opaque, le papier calque illustre la progression du brouillard qui masque progressivement le paysage jusqu’à le recouvrir totalement. Mais l’histoire continue et plus on tourne les pages de papier calque, plus le paysage qui semblait avoir disparu réapparait en même temps que le brouillard se disperse.
Blanc est un livre qui appuie sur certains contrastes. La couleur blanche, par exemple, est associée à des réalités très différentes selon les étapes du récit. Tant que le petit narrateur se trouve chez lui, dans un univers familier et confortable, le blanc évoque la pureté de la neige, la beauté des étendues immaculées, les paysages montagnards paisibles et enneigés. Mais ce blanc devient rapidement oppressant lorsqu’il recouvre le paysage d’une chape de plomb et de silence, et que l’enfant, loin de chez lui, ne retrouve plus son chemin. La nature aussi est décrite comme belle et paisible ou hostile et dangereuse en fonction des événements.
Avec ce très beau livre, Stéphane Kiehl fait passer un message écologique. Ce glacier qui a toujours fait partie de la vie de l’enfant est un géant millénaire. Tout en reprenant le chemin de sa maison, le jeune narrateur ne peut s’empêcher de s’inquiéter : il parait que les neiges éternelles fondent à cause des hommes… Comment feront les villageois et les promeneurs pour se repérer si un jour il n’en reste plus ? Seront-elles là encore longtemps ? Et que restera-t-il de son glacier ? Un questionnement habilement glissé dans l’histoire, qui ouvre la discussion et favorise la prise de conscience des jeunes lecteurs. L’ensemble est raconté avec un texte soutenu et agrémenté d’illustrations remplies de détails et d’aplats d’aquarelle. Une pépite !