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Autrice/illustratrice : Amélie Graux
Maison d'édition : Little Urban
Collection : Albums
Nombre de pages : 44
Date de parution : Mai 2021
Simon est un petit garçon qui en a marre. S’il rêve d’aventures depuis longtemps, cela ne s’est pas arrangé depuis qu’il a appris à l’école que l’homme descend du singe. L’homme est donc un animal… S’il redevenait animal lui aussi, sa vie ne serait-elle pas plus facile ? Plus de contraintes, plus de consignes à respecter, plus de stupides chaussures à devoir enfiler alors que le reste du règne animal se balade pieds nus… Et puis, sa famille l’ennuie. Sa maman ne l’écoute pas, sa sœur ne partage pas son enthousiasme face à son déguisement de singe, son papa se trompe et mange le dessert qui lui était destiné… C’en est trop pour Simon qui décide de partir vivre en pleine nature. Dorénavant, il se comportera comme un loup, à l’instar de ceux qu’il aime tellement admirer dans son livre d’images.
Avant de franchir définitivement la porte, Simon se confectionne un baluchon rempli de vivres. Des gâteaux secs, une gourde d’eau, un steak haché surgelé et un petit sachet de ketchup… il est prêt à vivre comme un carnivore !
Enfin libéré de ses chaussures et de ses chaussettes, Simon progresse pieds nus dans la végétation. La route pour atteindre la forêt est longue. Il marche longtemps, tellement longtemps qu’il a l’impression qu’une année entière vient de s’écouler. Tous ses efforts lui donnent faim et, lorsque son ventre crie famine, il est content d’avoir pensé à prendre de quoi manger. Parce qu’à tout bien y réfléchir, il n’aurait sans doute pas été capable de chasser…
Après un goûter pour le moins particulier (le steak haché à moitié fondu, ce n’est vraiment pas bon, même pour un loup !), Simon laisse éclater sa nature sauvage. Il court, saute, tourne sur lui-même, bref, il profite à fond de cette nouvelle vie de loup, bien heureux de s’être éloigné de son ancienne famille ! Mais voilà que, lors de ses acrobaties, il s’égratigne le bras… Puis le voilà qui a froid, faim, et qui repense aux 1001 petites bêtes qui peuplent le jardin…
Désorienté et de moins en moins sûr de lui, Simon se demande s’il ne ferait pas mieux de rentrer. C’est à ce moment que retentit un cri dans la forêt. On dirait que sa maman l’appelle et qu’elle a même préparé des crêpes... Armé de son redoutable flair, l’enfant-loup retrouve la trace de son clan. Et lorsqu’il arrive à la maison, c’est en tant que petit garçon tout heureux de retrouver les bras de ceux qui l’aiment et le confort de la vie moderne.
Notre avis :
Animal - Le jour où je suis devenu loup est un livre coup de cœur, tant pour ses illustrations que pour les nombreux messages véhiculés par son histoire.
Commençons par son apparence. Avec son dos entoilé, sa couverture colorée, ses pages épaisses et la netteté des impressions, cet album rentre assurément dans la catégorie des beaux livres.
À l’intérieur, les illustrations de Amélie Graux reflètent merveilleusement bien l’aventure vécue par le petit héros. Réalisées au crayon de couleur et à l’aquarelle, elles ont le côté simple et spontané de l’enfance, mais aussi de la nature. On aime leurs traits ronds et affirmés, leurs couleurs vives et l’énergie qui en ressort.
Au fil des pages, on s’attache à ce petit garçon attendrissant, dont la ténacité et l’imagination débordante nous donnent presque envie de l’imiter. Et si on se sent tellement concerné par sa quête, c’est parce que l’histoire nous est racontée du point de vue de l’enfant. Les illustrations expressives et le texte aux mots soigneusement choisis nous plongent dans le monde du petit aventurier. On ressent la frustration qu’il éprouve face à tous les ordres qui lui sont donnés, puis l’envie impérieuse de s’en libérer, cet appel du large, d’une vie sauvage qui sonne comme une promesse de liberté.
À travers cette histoire, Amélie Graux illustre à merveille les sentiments ambivalents ressentis par les jeunes enfants. Leur besoin d’autonomie, leur envie de partir loin, d’explorer, d’assouvir leur curiosité, de vivre la vie comme ils le sentent, mais aussi le tiraillement, les peurs et l’inconfort que cela engendre. Car c’est cela aussi, grandir. C’est vouloir jouer seul comme un grand explorateur, mais pleurer à la première égratignure. C’est dire que l’on n’a besoin de personne, mais se sentir tellement mieux après un câlin et des bisous magiques. C’est vouloir s’éloigner d’un frère ou d’une sœur insupportable, mais ressentir le manque dès qu’il n’est plus là. Autant de situations auxquelles les jeunes lecteurs pourront s’identifier pour mieux comprendre que lorsqu’on grandit, c’est normal de se sentir grand et petit à la fois.
Enfin, terminons en précisant qu’Animal - Le jour où je suis devenu loup est un livre plein d’humour, qui amuse les lecteurs par son décalage entre les situations telles qu’elles sont en réalité et telles qu’elles sont vécues par Simon. La perception temporelle en est l’exemple parfait, puisque Simon a l’impression d’avoir marché pendant des mois voire des années, alors qu’il ne s’est écoulé que quelques minutes.
On savoure le fossé entre l’histoire du retour à la vie sauvage, racontée avec sérieux par l’enfant (car vécue comme tout à fait sérieuse) et ce qu’elle est réellement : une partie de jeu dans le jardin. Mais ce que souligne surtout cet album, c’est qu’avec des yeux et un cœur d’enfant, la moindre parcelle de gazon se transforme en jungle luxuriante et la moindre sortie peut prendre des allures d’expédition aventureuse. C’est ça, l’incroyable pouvoir de l’imagination !